Placement sous surveillance électronique. Vers la normalisation du contrôle

, par Tony Ferri


Entre autre chose, deux axes de réflexion y sont privilégiés :
un axe « architectural » vis-à-vis duquel il s’agit de décrire les particularités de l’organisation et du fonctionnement architectonique des milieux observés, en faisant cas de la dimension spatiale et structurale de l’enfermement, qui excède de loin le seul cadre de la prison ;
un axe d’interrogation portant sur les conditions et les manières d’ « habiter » les espaces surveillés, s’attachant à la dimension empirique ou expérientielle de l’enfermement.
Loin d’être indépendantes l’une de l’autre, ces deux dimensions s’interpénètrent et se remodèlent sans cesse l’une l’autre. Il n’y a pas de manières d’ « habiter » sans contraction d’ « habitudes », intériorisation d’ « habitus », façon de « s’habiller » ou d’ « habiller » son comportement, par conséquent sans un ancrage à l’intérieur d’un écosystème enveloppant associé...

Fidèle à la thèse que je défends, depuis quelques années, selon laquelle le pénal trouve non seulement des relais, mais de redoutables applications dans le civil (au même titre qu’il y a des implications du militaire vers le civil), il s’ensuit que, pour comprendre la façon dont évoluent nos sociétés contemporaines vers le contrôle généralisé, il importe d’en étudier et approfondir la racine offerte par son meilleur paradigme, à savoir le placement sous surveillance électronique. Chose que j’ai déjà, certes, tenté de faire, en partie, par le passé, mais qu’il importe de reprendre ici, à de nouveaux frais, en articulant bien davantage encore l’aspect géométrique (le quantitatif) à l’aspect matériel (le qualitatif), selon des données d’analyse remises à jour.
Enfin, je suis pour le moins très heureux que ce livre soit introduit par une délicieuse préface de Chris Younès – et même honoré, tant elle représente, à mes yeux, l’une des figures centrales de la philosophie contemporaine. Au point qu’il m’arrive très souvent de dire à mes amies théoriciennes ou militantes du féminisme qu’il suffit de citer Chris Younès, à côté d’Hannah Arendt, de Simone Weil ou de Louise Michel par exemple, pour faire taire les âneries aveuglées par une volonté de domination masculine...