Condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir offert un gilet jaune pour Noël à son fils !

, par Alain Brossat


Cette année, soucieux le coller au plus près à l’esprit du temps, notre site a décidé de remplacer le traditionnel conte de Noël par un fake news.

Le voici.

A Christophe Castaner (de boeuf)

Un boucher de Pouldreuzic (Finistère) a été condamné ce lundi 24 décembre en comparution immédiate par le tribunal de Quimper à une peine de six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pour avoir offert un gilet jaune à son fils en guise de cadeau de Noël.
Les faits : le vendredi 21 décembre, dans la matinée, Emile A. s’est présenté en compagnie de sa mère à la gendarmerie de Pouldreuzic afin de porter plainte contre son père, Orgest A., qui lui avait annoncé le matin même que, contrairement à ce qu’il lui avait antérieurement promis, il ne lui offrirait pas pour Noël une Play-station 5 (ceci dans l’hypothèse où il aurait de bons résultats scolaires), mais un simple gilet jaune. Manifestement en état de choc, l’enfant a raconté aux gendarmes que son père, résolument engagé dans le mouvement en cours, avait passé, depuis plus d’un mois, davantage de temps sur les ronds-points des alentours que dans son commerce, ne rentrant à la maison qu’à l’aube, crotté et grelottant, mais toujours aussi remonté contre le gouvernement, les pouvoirs publics et les forces de l’ordre. Lorsque l’enfant, âgé de douze ans, lui avait fierèment présenté son livret scolaire, avec rien que des bonnes notes, avait-il ajouté en sanglotant, son père, y jetant à peine un coup d’oeil, avait lancé d’un ton sans réplique : « De toute façon, pour Noël, t’auras un gilet jaune, et rien d’autre ! Ça te changera un peu de tes jeux vidéo à la con ! » – la mère de l’enfant avait eu beau objecter timidement que le père avait promis qu’en cas de bons résultats... – le père n’avait rien voulu savoir – un gilet jaune, et rien d’autre !

Convoqué l’après-midi même à la gendarmerie de Pouldreuzic et interrogé sur les faits, le boucher avait invité les gendarmes à s’occuper de leurs affaires, dans des termes suffisamment vifs pour que les agents de la force publique se voient contraints à le placer en garde-à-vue et à l’y maintenir le week-end durant, au vu de son état d’agitation.

Transféré dès le lundi matin au tribunal de Quimper, le boucher a comparu en flagrance devant la juge Sandrine A*., assisté d’un avocat commis d’office, Me Alain N. Invité à s’expliquer sur les faits qui lui étaient reprochés, le boucher s’est aussitôt lancé dans une diatribe enflammée contre « les jean-foutre qui nous gouvernent », s’en prenant tout particulièrement au chef de l’Etat, dans des termes plus vifs encore. A grand peine interrompu par la juge, il a refusé catégoriquement de revenir sur l’incident qui avait conduit son fils et son épouse à déposer plainte contre lui, clamant haut et fort qu’il entendait bien élever ses enfants comme il lui convient et invitant ceux à qui cela ne convenait pas à aller se faire f... (sic).

Manifestement embarrassé par ces débordements, son avocat a mollement tenté de mettre en avant les circonstances atténuantes que constituaient les événements récents et qui, manifestement seraient montés à la tête du boucher.
Après une rapide délibération de la juge avec elle-même, Orgest A. a été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis, avec mise à l’épreuve, pour mauvais traitement sur enfant à sa charge et outrage à magistrat.

A la sortie du tribunal l’attendaient quelques dizaines de supporteurs accourus de Pouldreuzic et environs, vêtus de gilets jaunes, rapidement dispersés par les gardiens de la paix de service au Palais.
Interrogé par notre reporteur, le boucher a déclaré qu’il ne regrettait rien, qu’on le retrouverait dès le lendemain sur le son rond-point favori – quant à son « merdeux », dit-il... « il ne perd rien pour attendre ».

(L’Echo du Finistère, en date du 26/12/2018)

* Tout récemment diplômée de l’Ecole Nationale de la Magistrature, la juge A. vient de rejoindre le siège de Quimper – l’occasion pour la rédaction de L’Echo de lui présenter tous ses vœux à l’occasion de cette première assignation.