Contre l’agression israélienne, solidarité avec le peuple palestinien

, par Sophie Tregan


Israël – Palestine : La complicité des médias français avec les colonisateurs.

L’hiver dernier, plusieurs familles palestiniennes de Jérusalem-Est ont reçu l’ordre de cours israéliennes de quitter /perdre leurs habitations. Cette guerre par le droit menée par des organisations de colons depuis des années vise à chasser les Palestiniens de Jérusalem. Israël a occupé en 1967 puis annexé en 1980 cette partie de la ville que le droit international reconnaît comme palestinienne. Ses habitants sont maintenus apatrides. 14,000 ont perdu leur résidence. Les autres sont coincés entre le Mur, des colonies, entravés dans leurs déplacements, leur accès à l’embauche, leurs vies sociales et politiques. Soit l’organisation de la domination d’un groupe ethnique sur un autre. On a donc un appareil juridique qui confirme la dépossession sur une base ethnique, soutenu par des manifestations de suprémacistes juifs hurlant "mort aux Arabes" à Jérusalem, depuis des semaines. Cette politique s’accompagne d’innombrables exactions contre les civils palestiniens.

Xavier Guignard, chercheur au sein du centre indépendant Noria Research

Aux origines de la violence et du silence

Des Israéliens chantent et dansent sur les cadavres encore chauds des Palestiniens. Les USA et l’Union Européenne brillent par leur silence. Aucune condamnation d’Israël (des condoléances ne sont pas une condamnation). Les médias français parlent "d’affrontements", "de représailles" pour euphémiser les crimes de guerre israéliens et bien sûr culpabiliser les victimes. J’attends avec impatience le chantage à l’antisémitisme. Être juif et être un israélien sioniste sont deux choses bien différentes. L’un exprime sa foi ou son appartenance à une communauté culturelle, l’autre soutient une politique coloniale et se croit dans son bon droit lorsqu’il bafoue les droits humains des Palestiniens dans un contexte d’apartheid. Le gouvernement de Netanyahou est un gouvernement fasciste et mortifère dont la politique coloniale est amplement soutenue par les États-Unis et l’Union Européenne.

Dans notre néo-civilisation du scrolling, les médias profitent du fait que 60% des utilisateurs qui partagent un article, ne lisent en fait que le titre et n’en lisent pas le contenu. [1]
Et c’est bien pratique car cela permet aux médias français de mettre au second plan (voire d’effacer) l’origine même de la violence : la colonisation israélienne - conformément à la volonté de notre gouvernement.

Il y a avant toute chose, un intérêt économique. Emmanuel Macron, qui s’est entretenu avec Mahmoud Abbas le 13 mai 2021, a déclaré « condamner fermement les tirs revendiqués par le Hamas et d’autres groupes terroristes » qui mettent « en grave danger la population de Tel Aviv » et nuisent « à la sécurité de l’État d’Israël ». Il se tait sur les meurtres, les emprisonnements et les expulsions des Palestiniens. Il oublie de mentionner qu’Israël viole le droit international. Ne surtout pas vexer l’État avec lequel il a passé des accords commerciaux en 2017 : « Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, après sa visite en Israël en septembre 2017, a mis sur pied avec ses homologues israéliens une task force visant à augmenter les échanges entre les deux pays. Dans les années qui viennent, les exportations françaises seront dopées par les ventes de six Airbus (trois A321néo et trois A330néo) à Arkia, corrigeant en partie l’impact de l’exclusivité historique donnée par El Al à Boeing. » [2]

En second lieu, le gouvernement français souhaite passer sous silence la complicité de grands groupes bancaires et assureurs ET sa propre responsabilité dans le financement de banques israéliennes engagées dans le développement des implantations en Cisjordanie.
En 2017, 8 ONG et syndicats dénonçaient cinq grands groupes finançant. Le rapport de l’enquête nous apprend que : « BNP Paribas, Société générale, LCL et Natixis– ont accordé des prêts d’un montant total de 288 millions d’euros sur la période 2004-2020 à l’entreprise publique israélienne Israel Electric Corporation (IEC), pour un projet d’extension de deux centrales électriques au gaz, alors même que l’IEC approvisionne en électricité l’ensemble des colonies illégales en Cisjordanie occupée.
Le gouvernement français est responsable à trois niveaux :
1) Obligations de droit international (protéger, respecter, mettre en œuvre les droits humains, ne pas reconnaître comme licite une situation créée par une violation grave du droit international, ni prêter aide ou assistance au maintien de cette situation…)
2) Obligation de protéger contre les violations des droits humains par des tiers, y compris des entreprises et des banques ;
3) Obligation particulière, en tant qu’actionnaire d’Alstom à 20 %, entreprise qui assure l’extension de l’une des deux centrales électriques au gaz précitées, de prendre des mesures encore plus rigoureuses dès lors que la société lui appartient ou est en partie contrôlée par l’État, même lorsqu’il est actionnaire minoritaire. » [3]

Les gouvernements français successifs ont dû également porter le poids du Régime de Vichy (1940 – 1944) et donc de la collaboration avec le Régime Nazi. 25% des Juifs de France ont été victimes de la « Solution finale ». Après la Seconde Guerre mondiale, une lourde culpabilité liée à ces années sombres a incité la France à soutenir Israël. C’est pourquoi aujourd’hui la France ferme les yeux sur les multiples violations du Droit International opérée par Israël (expulsion de familles palestiniennes, politique israélienne de blocus, de colonisation et d’oppression exercée contre les Palestiniens).

Un traitement médiatique aussi inique que risible
AFP : Agence Française de Propagande

Intéressons-nous à ce titre.
D’abord, à l’ordre des actions : qui suppose donc que ce sont les Palestiniens qui ont entamé les hostilités... sans parler de la mosquée attaquée, sans parler des 9 enfants tués, sans parler des expropriations ayant débuté dès l’hiver dernier, des emprisonnements et des meurtres des Palestiniens, sans bien évidemment parler d’un processus colonial israélien qui a commencé dès 1948 - avec la complicité de l’Union européenne et des USA.
Ensuite intéressons-nous au choix des mots :
"Pluie mortelle" pour qualifier les roquettes palestiniennes, comme un titre de film Hollywoodien où les méchants sèmeraient le chaos et la mort au hasard et sans raison.
Et pour qualifier Israël : "frappes musclées"... musclées... pas mortelles bien sûr, pas d’enfants tués ? Pas de femmes ? Musclé comme le super-héros d’un Blockbuster qui réplique aux attaques des méchants ?
Ce traitement médiatique devient ridicule et prévisible.
Chers membres de l’AFP : nous ne sommes pas dupes.

France Culture : le combo

https://www.facebook.com/franceculture/posts/10159212793348349
Là, dans le titre de cet article et la photo qui l’illustre, nous sommes en face d’un « combo » :
- D’un côté le titre et le chapeau avec la mise en parallèle ou la mise sur un pied d’égalité des protagonistes, alors qu’Israël dispose d’un État et d’une armée constitués, soutenus par les plus grandes puissances militaires et économiques ET en face un peuple palestinien livré à lui-même, de plus en plus isolé en raison de la lâcheté des nations arabes limitrophes. Tous les pays qui soutenaient naguère la Palestine l’ont successivement abandonnée.
- D’un autre la photo : Un civil palestinien le doigt pointé laissant planer le doute d’une supposée véhémence faisant ainsi oublier le soldat israélien face à lui surarmé, surprotégé, mais baissant les yeux comme un enfant qui se fait réprimander.

Le Figaro : contre-sens

Le titre du Figaro est le summum de la désinformation : il laisse supposer qu’un homme israélien s’est fait lyncher (puisque dans le titre même est évoqué « le choc d’Israël » et non le choc des Palestiniens). Et l’on apprend une fois que l’on commence la lecture de l’article que les agresseurs sont des Israéliens d’extrême-droite ayant roué de coups un « homme, considéré arabe » - Voici le passage de l’article : « Israël était sous le choc tard mercredi 12 mai après la diffusion à la télévision, en direct et à une heure de grande écoute, du lynchage d’un homme, considéré arabe par ses agresseurs, par des militants d’extrême droite près de Tel-Aviv ».
Il suffit de lire les commentaires islamophobes et pro-Israël en dessous de cet article sur Facebook pour comprendre que nombre de militants sionistes n’ont pas pris le temps de consulter l’article afin de comprendre que la victime est un homme arabe. https://www.facebook.com/lefigaro/posts/10158693083516339

Europe 1 : le grand mystère

https://www.europe1.fr/emissions/les-extraits-de-linterview-politique/extrait-lambassadeur-disrael-en-france-accuse-le-hamas-de-lun-des-crimes-de-guerre-les-plus-abjects-du-21e-siecle-4044578

Soit cette déclaration de l’ambassadeur d’Israël qui attribue au Hamas « un crime de guerre les plus abject du 21ième siècle ». On se demande bien ce qui pourrait être plus abject que la colonisation de la Palestine et l’épuration ethnique des Palestiniens en cours opérée par Israël. On clique sur le lien, un court article apparait en dessous de l’interview radio, on lit : « Alors que l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a déclaré mardi qu’Israël et le mouvement islamiste Hamas se dirigeaient vers une "guerre à grande échelle", Daniel Saada, ambassadeur d’Israël en France, était l’invité d’Europe 1 mercredi. Il a accusé le Hamas de "l’un des crimes de guerre les plus abjects du 21e siècle". On prend soin d’indiquer : « Hamas, mouvement islamiste », mais l’islamisme n’est pas la cause de cette guerre… la cause c’est bien la colonisation israélienne. On comprend qu’il est bien pratique, dans l’islamophobie ambiante, de vouloir détourner l’attention, stigmatiser les Palestiniens, et ramener cette guerre à un conflit religieux. Cette guerre est coloniale, territoriale, économique et c’est bien à une extrême-droite sioniste et à ses alliés, les USA – et à la passivité complice de l’Union Européenne – qu’on la doit. [4]

Saviez-vous que :

Le gouvernement d’un pays a interdit un rassemblement pour la Palestine (quasi au dernier moment)
Le gouvernement d’un pays a verbalisé les manifestants pro-palestiniens
Le gouvernement d’un pays a arrêté le Président d’une association de défense des droits palestiniens.

Il s’agit bien du gouvernement français qui piétine ses propres idéaux, rabâchés à longueur de temps : justice, liberté, égalité, fraternité. Ces mots qui n’ont jamais sonné aussi creux qu’aujourd’hui.

La France, pays inféodé au CRIF et à Israël, n’a de cesse de vouloir étouffer la voix des Palestiniens et de leurs soutiens. En atteste la volonté de Gérald Darmanin de vouloir interdire les manifestations de soutien ce samedi 15 mai … alors que dans les autres pays, Canada, USA, Turquie, Maroc, Liban, Royaume Uni les mouvements, les rassemblements, les manifestions de soutien aux Palestiniens se multiplient réunissant des millions de personnes à travers le monde…
Mais en France, dans la lutte acharnée du gouvernement envers ceux qu’il nomme les « islamogauchistes », tout soutien envers un peuple arabe et/ou musulman semble interdit.