Notes sur la guerre en Ukraine (3/3)

, par Alain Brossat


4- Comme le dit très bien Pierandrea Amato, le mot « liberté » est devenu l’un des vocables les plus corrompus de la langue politique et l’affaire ukrainienne le confirme avec éclat – si l’on peut dire. Désormais, lorsque ce terme survient dans un énoncé, une conversation sur le présent, il nous faut immédiatement nous demander et demander à ceux qui nous le jette à la figure à quoi il est associé, dans quelle chaîne d’équivalence il entre. Nous savons aujourd’hui que l’association si durable et déterminante (du point de vue du mode de vie et de la civilisation des mœurs) de la voiture automobile à la liberté, telle qu’elle s’est imposée dans les années 1960, dans les pays industrialisés puis progressivement dans le monde entier, fut un désastre – à tous égards. Nous avons vu récemment combien son association, patronnée par de grosses têtes philosophiques à la Agamben au rejet de l’urgence sanitaire face à la pandémie Covid 19 fut également funeste, débouchant sur son durcissement en forme de mouvement antivax aussi persistant qu’obscurantiste. Et nous voyons aujourd’hui, sur la surface de réfraction de la guerre en Ukraine, où nous conduit son association à la lutte des démocraties contre le despotisme : à son placement sous séquestre par l’OTAN, comme si vivre en liberté, pour nous autres Européens, cela ne pouvait s’entendre que comme vivre « dans les frontières de l’OTAN », une alliance militaire entièrement sponsorisée par les Etats-Unis et agissant au plus près des intérêts supposés de ceux-ci.
C’est très précisément ce genre d’association pernicieuse qui nous conduit à être pris en otage par l’humeur schmittienne de la démocratie états-unienne – à devoir partager notre monde propre en amis et ennemis selon des décrets pris dans notre dos par l’hegemon états-unien. Et pourquoi Poutine et les ayatollahs devraient-ils être davantage nos ennemis que les suprémacistes sionistes qui président aux destins de l’Etat d’Israël ou les potentats en keffieh des pétromonarchies du Golfe ? Et pourquoi faudrait-il que Zelenski qui est aujourd’hui l’enfant chéri de la démocratie globale (comme d’autres exaltés du nationalisme ukrainien le furent, jadis et naguère, de régimes aujourd’hui honnis comme distinctement criminels) soit notre ami en tant que son nom s’associe à « la liberté » ? [1] Les emblèmes bicolores de Bandera qui constellaient les rassemblements de Maidan sont-ils ceux de « la liberté » ?

De plus en plus nombreuses sont, dans ce qui fait époque aujourd’hui, les occasions où le mot « liberté » est à ce point mis sur le trottoir que nous serions portés à statuer, fût-ce sous forme de boutade, qu’en principe et sauf exception, « la liberté », selon l’esprit du temps, nous serions plutôt contre. On en a encore fait l’expérience tout récemment avec les élections présidentielles en France : ceux/celles qui associent tout naturellement leur liberté (« citoyenne ») au vote sont dans leur grande majorité ceux/celles auxquel-le-s convient parfaitement cette forme de « liberté citoyenne » intermittente – elle leur laisse tout le temps de profiter de leurs interminables vacances citoyennes (politiques), entre les élections, pour vaquer à leurs petites et grandes affaires. D’où leur fanatique intransigeance à l’égard de ceux qui ne conçoivent pas leur engagement politique ou leur intérêt pour la vie commune aux conditions de cette disponibilité minimaliste – ceux dont le militantisme n’est pas commandité et appareillé par l’Etat et qui, pour cette raison, sont rétifs à la farce électorale – c’est que ces derniers sont là pour leur rappeler que la petite effervescence électorale qui les emporte et les transporte tous les quatre ou cinq ans, c’est vraiment le programme minimum de la passion pour « la liberté », l’utopie de la libération la plus squelettique qui soit [2]. Quand on en arrive à voir, à la veille du second tour de l’élection présidentielle, des gens supposés épris de liberté descendre dans la rue aux cris de « Plutôt un vote qui pue qu’un vote qui tue ! » dans le but d’adjurer leurs concitoyens de voter pour le candidat sortant, on mesure la hauteur à laquelle se situe l’association de la liberté et de la démocratie dite représentative aujourd’hui.
Il en va exactement de même, en pire si c’est possible, avec cet amour de la liberté qui s’éveille à l’occasion de la guerre en Ukraine et de la campagne anti-Poutine, anti-russe à laquelle elle donne lieu dans les démocraties du Nord global. Si la liberté, c’est ce qui consiste à favoriser la constitution de milices de mercenaires pro-Zelenski [3], image inversée, dans le miroir ukrainien, de la guerre du Groupe Wagner russe, si c’est ce qui consiste à saisir des tableaux de maîtres appartenant à des collectionneurs privées, action de bien sinistre mémoire, sous prétexte de « punir » les oligarques supposément poutiniens, alors une fois, ce serait plutôt non merci – affranchis de cette liberté-là, nous vivrons plus légers.

5- La guerre entre la Russie et l’Ukraine se situe dans un contexte dominé par la prolifération cancéreuse des nationalismes de rattrapage, de frustration, de compensation, de consolation, de vindicte – tous également rances et plus ou moins enragés, indissociables du ressentiment et de la haine de l’étranger. Il y a belle lurette que, comme l’a déjà amplement démontré le destin des micro-nationalistes éclos dans le contexte de la guerre intra-post-yougoslave, le nationalisme a perdu, sur le sol européen tout particulièrement, toute force et qualité propulsives, dans son association supposée à l’émancipation. Tous ces néo-nationalismes gâteux sont férocement étatiques et le rêve de tous ceux qu’ils embarquent trouve sa forme pratique dans la multiplication des polices, des frontières, des obstacles à la libre circulation des gens, ceux d’en bas et les mal inscrits tout particulièrement, des bureaucraties et par la montée des particularismes sectaires, de l’esprit de clocher, de l’insularisme, des isolationnismes de toutes espèces, ceci de la Catalogne à la Russie et l’Ukraine, de Taïwan au Zemmourland imaginaire qui prospère sous nos latitudes. Dans le contexte de cette guerre, donc, nationalisme grand russe relooké contre nationalisme ukrainien adossé à l’OTAN et infiltré par l’esprit du bandérisme, c’est bien davantage que bonnet blanc et blanc bonnet – c’est un concours d’infamie, béni, au reste (et circonstance aggravante) par les Eglises locales et leurs prélats.
D’une façon générale, sur le sol européen, le néo-nationalisme a partie indissolublement liée avec les fascismes moléculaires (aspirant de toutes leurs forces au molaire), la xénophobie décomplexée, le suprémacisme blanc et le révisionnisme tout particulièrement appliqué à l’histoire coloniale. Partout où ces gens ont une chance de parvenir aux affaires, c’est une forme de néo-fascisme qui fait son nid dans l’Etat. Est-ce là une raison suffisante pour s’adonner au « vote qui pue » dans l’espoir de conjurer le « vote qui tue » ? – évidemment pas, puisque le premier est la voie royale qui conduit au second. C’est en revanche l’occasion et le moment ou jamais de se mettre en ordre de bataille – on trouve de tout au fond des urnes, des faux bulletins, des vieux mégots, des doubles fonds, des crottes de souris – sauf un peuple. Or, seul un peuple debout et lui seul peut repousser le fascisme.
Viendra le jour où les gens s’étonneront de ce qu’ait pu exercer son emprise si longtemps, et sur tant de personnes en principe équipées de discernement, cette superstition les portant à voter tous les cinq ans pour un personnage qu’elles vont ensuite infailliblement honnir pendant les cinq années suivantes, avant de la reconduire (à moins qu’il ne s’agisse de son clone), un crapaud dans la bouche, pour les cinq années suivantes au fil desquelles, tout aussi infailliblement, elles le vomiront de plus belle... [4] De quelles profondeurs obscures, se demanderont alors les bénéficiaires de cette grâce qu’est la naissance tardive (la chance d’être « né après... »), a bien pu surgir cette passion si durable pour ce rite expiatoire et autopunitif si tenace ? Et si le fascisme est là, aussi bien, (et il l’est, il suffit de regarder en face cette réalité massive qu’est le vote majoritaire des flics et des militaires en faveur des candidats néo-fascistes), qui peut être assez naïf pour imaginer qu’un funambule surgi de nulle part, la parfaite incarnation de l’imposture de la démocratie potemkinienne contemporaine, sera l’homme providentiel qui nous épargnera l’épreuve d’avoir à l’affronter [5] ?

6- La façon dont, miraculeusement, les frontières, orientales d’abord, puis les frontières tout court, de l’Europe communautaire se sont ouvertes aux flots compacts de réfugiés ukrainiens montre avec force combien, désormais, la promotion de la démocratie impérialiste universaliste est devenue indissociable de la défense de la race blanche et de ce qui associe, par opposition et contraste avec ce qui s’en dissocie. La Pologne, notamment, a laissé sciemment les réfugiés extra-européens canalisés vers ses frontières par le régime biélorusse client de la Russie crever à ses frontières, de froid et de faim, comme elle a accueilli à bras ouverts les réfugiés ukrainiens. La Hongrie et tous les Etats-frontières membres de l’UE de même. Or, il n’y a pas si longtemps, au XXème siècle, les Ukrainiens étaient considérés par les nationalistes polonais (dont les descendants en droite ligne sont aujourd’hui aux affaires dans le pays) comme de l’humanité de qualité inférieure, des parasites et des envahisseurs. C’est donc bien qu’aujourd’hui, au temps des migrations placées sous le régime du partage entre Nord global et Sud global, un nouvel aryanisme « démocratique » prend forme – la qualité de Blanc est le sésame (le passeport biologique) qui ouvre l’accès aux espaces immunitaires du Nord global à un réfugié – tout comme il le ferme à un supposé bronzé issu du Sud global.
On ne saurait mieux dire que, désormais, la démocratie de marché est, dans l’espace européen, intrinsèquement et constitutivement blanche. Ce n’est pas pour rien qu’à l’épreuve, si l’on peut dire, de la crise européenne, les dirigeants polonais et hongrois qui, tout récemment encore, étaient les vilains petits canards « illibéraux » de l’Europe communautaire, se sont transformés en parangons de vertu – c’est qu’en matière de politique migratoire, ce sont eux, finalement, qui parlent vrai et agissent en conséquence : l’Europe démocratique et intégrée, c’est un espace destiné à accueillir les Blancs de toutes conditions – quant aux autres qui y sont déjà établis, ils y seront toujours voués à la précarité et à la méfiance auxquelles les condamne leur déficit originaire – et pour ce qui est de ceux qui aspirent encore à y être accueillis, qu’ils aillent se faire voir ailleurs. Les frontières de l’Europe, coïncidant sinistrement avec celles de l’OTAN, se sont reformées à l’occasion de cette funeste épreuve, comme celles qui séparent (fantasmatiquement) la civilisation de la barbarie. Le retour en force de ce partage en dit long sur l’ampleur de la régression et du mouvement de décivilisation (précisément) en cours – sous nos latitudes mêmes...

7- Les dirigeants des Etats-Unis, les stratèges de l’OTAN, les eurocrates en chef n’ont rien à faire de l’Ukraine, des gens qui y vivent, de son patrimoine culturel, etc. – tout comme les premiers n’ont rien à faire de Taïwan, de sa population et de son charme tropical et insulaire. Mais il se trouve que pour eux, ces deux entités présentent toutes les qualités requises pour être ce que Boaventura de Sousa Santos appelle des « countries of sacrifice », des espaces et des territoires sur lesquels on va faire en sorte que se cristallise, se condense et se fige l’affrontement avec l’ennemi auquel il importe, dans le présent, de rappeler qui est le maître, en lui infligeant une leçon dont, par définition, l’ampleur ni la forme exacte ne saurait être fixée ni surtout délimitée a priori....
L’Ukraine et Taiwan sont ces foyers de tension et points d’intensification des différends accumulés et stratifiés à propos desquels ceux qui demeurent envers et contre tout les maîtres du jeu entendent pousser l’adversaire à la faute, en pratiquant une politique d’attrition caractérisée (et délibérée), destinée à user leurs nerfs et les conduire à ce genre de fatal passage à l’acte qui va dresser contre eux , comme par effet mécanique, l’opinion démocratique globalisée et une « communauté internationale » sous influence. Une stratégie ou une tactique d’ores et déjà couronnée de succès en Ukraine et dont les concepteurs désirent ardemment et de plus en plus ouvertement qu’elle trouve son prolongement « naturel » avec une initiative malheureuse de Pékin face à Taïwan ou en mer de Chine.

8- L’autre point commun qu’aurait avec le conflit en Ukraine une guerre en Asie de l’Est et dont Taïwan serait le point de condensation, c’est la combinaison entre une guerre moderne, mobilisant le dernier cri de la technologie disponible, drones, avions furtifs et autres moyens de brouillages, leurres électroniques à l’arme nucléaire « tactique » et une sorte de guerre civile, c’est-à-dire une stasis entre ennemis intimes, infiniment proches, si ce n’est exactement des « mêmes » – tant du point de vue de l’histoire, de la culture que de la langue ; une combinaison explosive, s’il en fut, et prometteuse de formes de violence particulièrement pernicieuses et destructrices – l’ennemi intime ne peut être qu’un hyperennemi, si bien qu’aucune règle ou convention ne vient inciter les parties aux prises à exercer une retenue quelconque dans les usages de la violence vive contre lui – massacres de civils, de prisonniers, propagande, désinformation, manipulations, etc., comme on le voit aujourd’hui sur le théâtre de la guerre en Ukraine.
Il en irait exactement de même et sans doute en pire si la chose est concevable dans le cas d’un conflit direct entre ces deux mondes infiniment proches dans leur antagonisme même que sont la République de Chine (Taïwan) et la République populaire de Chine (la Chine « communiste »), un conflit constamment aggravé par les interférences étrangères, notamment occidentales.

9- Tout le jeu de la rhétorique occidentale aujourd’hui, face à la guerre en Ukraine ou plutôt à l’occasion (providentielle, en ce sens) de celle-ci, consiste non seulement à faire entrer Poutine dans la catégorie des dirigeants voyous (dont la destitution, en ce sens, serait un enjeu de salubrité publique pour l’humanité civilisée), mais à faire de la Russie elle-même un Etat criminel et l’équivalent à ce titre de l’Etat nazi. Or, la notion même d’Etat criminel est des plus litigieuses, pour une multitude de raisons tenant notamment à la relativité « universelle » des crimes commis par les Etats modernes et contemporains, au fil de leur histoire. L’absolue exceptionnalité de l’Etat criminel est infiniment difficile à attester et le risque est donc qu’en toutes circonstances, cette notion soit utilisée et manipulée comme une arme de guerre, un outil de la guerre des récits, dans le contexte de tel ou tel affrontement entre des Etats ou des blocs de puissance.
Une chose demeure constante, dans cet environnement : on aura bien du mal aujourd’hui à déterminer le critère ou à recueillir les éléments qui, de manière indiscutable, attesteraient que la Russie de Poutine est un Etats criminel à la différence si ce n’est de tous les autres, mais du moins, notamment, des démocraties occidentales et notamment des Etats-Unis. C’est qu’il faudrait montrer que ce que « fait » Poutine en Ukraine et à l’Ukraine, ces autres qui le montrent du doigt au nom des règles et principes universels et parlent de la Russie d’aujourd’hui comme d’un Etat criminel n’en ont jamais « fait » l’équivalent – et ce n’est pas demain la veille qu’ils parviendront à en administrer les preuves irrécusables.
Ici encore, le seul principe relevant de la pragmatique du bon sens « universel » (le mieux partagé) qui vaille, c’est que chacun balaie devant sa porte, se soucie de la paille dans son propre œil avant de celle qui encombre celui de son voisin, etc. On en est loin.

Alain Brossat

Notes

[1Le fait que nous disions qu’il faut appeler un ennemi un ennemi ne fait pas de nous des schmittiens – pas du tout. La philosophie politique de Schmitt repose sur une distinction qui consiste à partager le monde en amis et ennemis. Ce que nous disons est bien différent : il importe au premier titre de désigner explicitement comme ennemis les puissances ou les entités politiques que nous avons des raisons particulières de désigner comme tels. Les autres, en général, ne sont certainement pas nos amis, y compris celles dont nous avons à nouveau des raisons particulières de prendre en considération, dans le présent, la position dans le monde, les arguments et les intérêts – la Chine ou la Corée du Nord, par exemple. D’une façon générale, aucune puissance étatique n’est notre amie. Mais nous n’avons pas de raisons pressantes de mettre en œuvre, au jour qu’il est, une politique de l’ennemi contre le gouvernement helvétique, péruvien, ou burkinabé. En revanche, Poutine et Zelenski, Biden et Bennett, assurément, et toutes affaires cessantes.

[2Cette charge a tout particulièrement pour cible la fougueuse jeune génération méluchienne dont s’empare désormais avec une régularité d’horloge, une même crise de radicalité électorale – tous les cinq ans – avant qu’elle ne retrouve ses écrans plats et ses terrasses. Le rythme électoral s’ajuste parfaitement sur le paradigme « citoyen » qui a pris le relais des idéaux militants. On pourrait appeler cela la fièvre quarte du mélenchonisme, à ceci près qu’elle se produit non pas tous les quatre jours mais tous les cinq ans.

[3Quand on fabrique du mercenaire à l’occasion de tel ou tel conflit, on est sûr de le retrouver ensuite, interminablement, en d’autres occasions, guerres civiles, conflits locaux ; guerres sales, missions obscures en tous genres. Les mercenaires et les milices sont appelés à être toujours plus présents comme les asticots sur le fromage des guerres contemporaines « délocalisées », des proxy wars en tous genres. On peut se souvenir ici que le mercenariat fasciste et blanc a été interminablement l’ombre portée de la Françafrique.

[4Le mantra électoraliste du barrage, plus précisément du « faire barrage à ... » associe distinctement la liberté ou ce qui est censé en rester à l’intervention providentielle d’un protecteur, d’un tuteur, Macron, en l’occurrence, comme défenseur des libertés face à ce qui est censé les tuer – la blonde fasciste. On voit bien ici, par contraste, comment, un simple chant comme l’Internationale dessine un tracé qui porte au-delà de tout ce qui peut se cristalliser dans l’association apeurée entre liberté et protection. C’est en effet dans les termes les plus simples que l’Internationale consigne que la liberté ou l’émancipation ne saurait être placée sous condition ni d’un dieu, ni d’un césar, ni d’un tribun et qu’elle ne saurait découler que des dispositions des gens (les « producteurs ») à se sauver eux-mêmes. En simplifiant la langue de Badiou, on dira ici que l’Internationale est, dans l’ordre de notre présent politique, cet événement qui présente l’universel dans la forme d’une singularité, un événement qui revêt ici l’apparence d’une vieillerie (l’hymne ringard des cocos de toutes espèces) et qui, cependant, renverse toutes les pauvres évidences d’un présent aussi inconsistant qu’inconséquent : il nous faut un protecteur, à tout prix, quel qu’il soit, fût-il à vomir, etc.

[5Aussi bien, la France est déjà aujourd’hui un pays à bien des égards « occupé » - avec ses bandes d’hommes (et de femmes) armés sous emprise brune, ses partis de gouvernement fascistes, ses collabos, ses milices, ses médias d’agitation xénophobe, ses délateurs professionnels et amateurs, etc. Mais comme on s’habitue à tout, semblerait-il, les occupés continuent à vaquer à leurs occupations, électorales et autres.