Petit bulletin de campagne – Décembre 2021/Janvier 2022

, par Sophie Tregan


Chaque jour qui nous rapproche de la présidentielle nous confronte à un vide politique absolu, à un autoritarisme grandissant, à des violences policières et étatiques en cascade, aux mensonges d’une bourgeoisie toujours plus avide de pouvoir et d’emmerdement maximal.
Voici le « petit bulletin de campagne » des mois de décembre et janvier…

Pauvreté, frais de notaire et foie gras

Dans une enquête menée par FAGE-IPSOS, on apprend que 72% des 18-25 ans déclarent avoir rencontré des difficultés financières depuis le début de la crise sanitaire. 50% ont des difficultés à payer les charges liées à leur logement. 52% ne peuvent pas se nourrir correctement. 31% des jeunes femmes ne peuvent pas acheter de protections hygiéniques. [1]
En tant que candidat à la présidentielle, Zemmour est donc interrogé sur la question de la précarité par un jeune homme de 20 ans : « De nombreux jeunes ont du mal à boucler les fins de mois, de nombreux jeunes ont du mal à se loger, de nombreux jeunes finissent à l’aide alimentaire. Si vous êtes élu président, que comptez-vous faire pour aider les jeunes les plus précaires ? » Réponse lunaire du xénophobe-bourgeois en chef : il dit « vouloir exonérer les primo-accédants d’un bien immobilier des frais de notaire, pour un bien allant jusqu’à 250 000 euros. » [2]Car c’est bien connu, lorsqu’on n’a pas un rond pour s’acheter à bouffer, que l’on fait des heures de queue pour accéder à une aide alimentaire, lorsqu’on n’a pas 2,50 euros pour s’acheter des serviettes hygiéniques, lorsqu’on a du mal à payer son loyer, on pense immédiatement « accès à la propriété ». [3]

Zemmour n’est pas un candidat « anti-système », c’est LE candidat du système. C’est la bourgeoisie dans tout ce qu’elle a de plus déconnecté, de plus exécrable. C’est cette même bourgeoisie qui pense qu’il faut traverser la rue pour trouver un emploi, c’est cette même bourgeoisie qui pense que le prix d’un pain au chocolat est de 15 centimes parce qu’elle n’a jamais foutu les pieds dans une boulangerie parmi les gueux tels que nous, c’est cette même bourgeoisie qui pense que nous sommes des assistés parce qu’en tant que travailleurs précaires ou sans emploi nous avons besoin des « aides » pour survivre. Juste survivre et pas vivre dans un appartement au milieu d’écrans plats. Revenons à la déconnexion zemmourienne : « Posséder 100m2 à Paris, ce n’est pas être riche », à 10 377 euros le m2 en moyenne. 100m2 c’est 1,3 million d’euros. Si vous faites un prêt d’un million d’euros à votre banque sur 20 ans il vous faudra justifier d’un revenu mensuel de minimum 13 533 €. [4] Le salaire médian en France est de 1940 euros. Les 1% les plus riches gagnent plus de 9200 euros par mois. Donc posséder un appartement de ce montant et avoir les revenus qui ont permis l’achat d’un tel bien, c’est être riche. Moins riche que Bolloré ou Bernard Arnault mais plus riche que 99% de la population française. [5]

Donc en attendant la prochaine déclaration de Zemmour qui devrait annoncer que « lui, Président, instaurera une ristourne de 5% sur le foie gras, le caviar et le champagne pour les fêtes », je vous souhaite la meilleure journée possible à Bolloréland.

Violences policières : 1 brebis galeuse + 1 brebis galeuse + des centaines de brebis galeuses = un troupeau gangréné par un racisme et une violence systémiques

Soit une enquête menée par Libération :

« La CSI 93, ou l’unité qui représente à elle seule les dérives de la police française. A travers des retranscriptions de sonorisations, des échanges de messages sur différentes applications mobile, une dizaine de rapports de synthèse de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) écrits dans le cadre d’enquêtes ouvertes après des plaintes, ou encore des auditions de personnes interpellées par ces policiers, Libération a pu retracer une liste vertigineuse de brutalités, de propos racistes, d’accusations de vol et de procès-verbaux inexacts, reprochée à la compagnie de sécurisation et d’intervention de Seine-Saint-Denis. Ces faits et ces suspicions d’actes délictueux, voire criminels, courent de juin 2017 à mai 2020. Soit quelques semaines avant que la préfecture de police de Paris et son patron, Didier Lallement, dont la CSI 93 dépend, n’annonce à l’été 2020, par voie de presse, la dissolution de l’unité, pour mieux y renoncer discrètement ensuite. Aujourd’hui, la CSI 93 existe toujours : son organisation et ses missions n’ont pas changé. La plupart des agents sont toujours en poste, et une dizaine d’enquêtes menées sur eux ont été classées sans suite par le parquet de Bobigny en dépit d’éléments accablants. » [6]

Le même mois, Dominique Caffin, un policier connu pour ses actes violents en manifestation, a encore une fois été protégé par l’IGPN et la justice. Il ne sera jamais inquiété pour ses actes, il pourra continuer de blesser des manifestants pacifiques, malgré les vidéos, malgré les témoignages. « Et il trimballe quelques casseroles : en 2003, plusieurs faits graves sont identifiés dans l’unité qu’il dirige : agressions sexuelles, violences contre des migrants, chants nazis. (Libération). Mais trois fois rien dans la police… Dominique Caffin est aussi le CRS qui mène la charge lors du tabassage général du 1er décembre au Burger King (Libération), où les images de quasi tortures infligés par les flics aux Gilets jaunes à terre ont fait le tour des médias. » [7]

« Mort de Cédric Chouviat ». On va le dire de manière plus limpide que l’article du Monde : Cédric Chouviat a été tué par la Police. Ils ont voulu le tuer.
« L’avant-bras passé sous le menton aurait engendré un écrasement mécanique de la trachée et de la carotide. Un policier pourrait aussi avoir tiré sur la jugulaire du casque en tentant de maîtriser M. Chouviat, ce qui pourrait être à l’origine des fractures constatées au niveau du cou ».

Et afin de bien récompenser le bras armé de l’État, petits roquets aux services de la bourgeoisie, Darmanin a annoncé : « Dès le 1er janvier 2022, les 115 000 policiers actifs de la
@PoliceNationale voyageront gratuitement en train.
2 conditions : Être armé et se signaler au chef de bord ».
Les bavures n’étaient pas assez nombreuses selon le ministre de l’Intérieur : faisons encore grimper les statistiques.

Le ruissellement c’est la bourgeoisie qui urine en cascade sur les précaires

« Le capitalisme, c’est ça : les riches sont riches parce qu’ils volent. »

Parce qu’ils pillent et exploitent.
Non contents de s’être appropriés les moyens de production et de voler le fruit du travail des corvéables en distribuant des milliards à des actionnaires – vol que le Capital a rendu légal –, les ultra-riches se torchent avec les lois qu’ils ont eux-mêmes écrites et qui leur sont déjà largement favorables.

Pour étayer les propos de Philippe Poutou, prenons ici quelques exemples datés de 2021 (oui seulement 2021, sinon c’est toute une encyclopédie des délits et des crimes de la bourgeoisie, qu’il faudrait écrire).

• « Le coiffeur Franck Provost (500 millions d’euros de fortune, 201ième dans le classement Challenge), est mis en examen pour "blanchiment de fraude fiscale aggravée". L’homme d’affaires de 75 ans est soupçonné d’avoir utilisé au sein de son réseau de salons un logiciel frauduleux "permettant de détourner des recettes encaissées". »

• « Les frères Seydoux soupçonnés d’évasion fiscale. [Nicolas Seydoux (81 ans), préside la Gaumont, dont il est aussi le principal actionnaire, ce qui lui assure une fortune évaluée à 300 millions d’euros.] La famille en or du cinéma est soupçonnée par le fisc français d’être bénéficiaire de trusts non déclarés logés au Canada. Le parquet national financier a ouvert une enquête pour “fraude fiscale aggravée, blanchiment, et association de malfaiteurs” ».

• « Le 24 avril 2018, dans le cadre de soupçons de corruption autour de l’attribution de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest, Vincent Bolloré est placé en garde à vue à Nanterre. Après 48 heures de garde à vue, Vincent Bolloré est mis en examen et déféré devant les juges, pour « corruption d’agent public étranger, complicité d’abus de confiance et faux et usage de faux ». Il encourt notamment dix ans de prison ferme et une amende d’un million d’euros. Il n’est cependant pas placé sous contrôle judiciaire. En 2021, Vincent Bolloré reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Aux termes d’une négociation de peine suggérée par le Parquet, il accepte de plaider coupable, moyennant quoi une amende de 375 000 euros sera requise. Toutefois, le tribunal judiciaire de Paris refuse de valider l’accord, ouvrant la voie à un procès en correctionnelle. En revanche, est homologuée la Convention judiciaire d’intérêt public aux termes de laquelle la société Bolloré SE est condamnée à une amende de 12 millions d’euros, calculée sur la base des bénéfices du groupe envisagés sur la concession portuaire de Lomé. »

• ISF Gate : la grande évasion fiscale des millionnaires français. Libération révèle les dessous d’un mécanisme d’évasion fiscale qui, depuis plus d’une décennie, permettrait à des grandes fortunes de mettre à l’abri leur patrimoine au Québec pour éviter l’ISF. Et ce, grâce aux trusts, des structures particulièrement opaques.

• Last but not least, « Pandora Papers (11300 milliards d’euros) est une affaire de fuite d’environ 11,9 millions de documents faisant état de fraude et d’évasion fiscale à très large échelle, et la vérification et synthèse qui en ont été faites, à l’automne 2021, par un travail journalistique d’investigation collaboratif par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Plusieurs milliers de personnalités politiques, personnalités religieuses, personnages publics et de monarques y sont identifiés, dont trois cents responsables publics, trente-cinq chefs d’État et cent trente milliardaires directement mis en cause. »

5 jours en Macronie ou comment je NE suis PAS tombée de ma chaise 5 fois

ACTE 1 : Macron coupe une galette des rois géante et salue la France humble, silencieuse et au travail... pour ne pas dire "merci aux travailleurs précaires qui ferment leur gueule et rasent les murs pendant que nous nous gavons. À tous les autres (sauf aux riches) : je vous emmerde". J’aurais pu tomber de ma chaise si Macron n’en était pas à sa 96867 phrase méprisante et cynique : Ceux qui ne sont rien. Ceux qui « coûtent un pognon de dingue » (et non il ne parlait pas des exilés fiscaux et de leurs 11300 milliards planqués dans des paradis fiscaux). Ceux qu’il qualifie de « la base » quand lui et sa caste se voient comme « le sommet ». Ceux qui ne peuvent pas se payer un costard à 3000 euros parce qu’ils sont ouvriers, employés, et que la bienfaisante « méritocratie » les a oubliés. Ceux qui ne « traversent pas la route pour trouver un emploi » car dans sa vision bourgeoise étriquée : quand tu es plombier tu peux bien faire fleuriste... Ceux qu’il considère comme les derniers de cordée parce qu’ils n’ont pas « réussi », faisant ainsi abstraction du déterminisme social. Ceux qu’il voit comme des « fainéants » car s’étant opposés à la loi travail qui déséquilibre le rapport de force entre l’employeur et l’employé. Ceux qui foutent le bordel car ils manifestent leur mécontentement face à une politique foutant en l’air 60 ans d’acquis sociaux, les services publics et qui ne s’en prend qu’aux classes moyennes et populaires.

ACTE 2 : Zemmour re-re-re-re-condamné pour provocation à la haine raciale. Ça commence à faire quelques indices sur le niveau de fascisme du mec qui se voit déjà à l’Elysée. J’aurais pu tomber de ma chaise mais non c’est Zemmour et on est en France, pays où il n’est pas nécessaire d’avoir un casier judiciaire vierge pour se présenter à la présidentielle.

ACTE 3 : La secrétaire d’État Nathalie Elimas, chargée de l’Éducation prioritaire, est visée par une enquête administrative sur des accusations de harcèlement et de maltraitance au sein de son cabinet. Je serais probablement tombée de ma chaise si nous n’avions pas déjà un ministre de l’Intérieur mis en cause dans des affaires de harcèlements sexuels et abus de faiblesse ou encore cette liste sans fin de politicards délinquants sous Macron : Affaires Delevoye, Rugy, Goulard, Benalla, Buzyn, Kohler, Pénicaud...

ACTE 4 : 200 nazillons scandant des slogans tels que « on est chez nous » et « Paris populaire, Paris identitaire » défilent dans Paris. Ohlalalala je suis tellement étonnée qu’une telle chose arrive, c’est vraiment surprenant dans ce pays si accueillant… qui laisse crever des migrants en mer, laisse se présenter à la présidentielle un révisionniste maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale, ce pays où des youtubeurs d’extrême-droite peuvent appeler au meurtre de "gauchistes" ou de sans-papiers sans voir leurs propos condamnés par un ministre de l’Intérieur qui peine à cacher qu’il les soutient... je serais probablement tombée de ma chaise si je n’avais pas vécu ces cinq années de Macronisme. Mais la vérité c’est qu’à Fafland (cette contrée tout aussi capitaliste que Disneyland mais bien moins distrayante), il peut y avoir 200 gugus (ou gugud) identitaires qui scandent des slogans tout droit sortis des égouts des années 30 sans que cela ne pose de problème à la majorité de la population et encore moins aux politiques. Fausse émotion de Darmanin qui n’a pas compris qu’il était lui-même l’un des rouages de ces dérives fascistes. France, nouvelle terre d’accueil des fafs, terre où politiques et médias préfèrent humilier une femme voilée ou encore combattre le wokisme, l’islamogauchisme et l’antiracisme.

ACTE 5 : On apprend que Jean-Michel a balancé son protocole sanitaire au journal "le Parisien" la veille de la rentrée depuis... les Baléares. Claquettes, chaussette, branlette. J’aurais à nouveau pu tomber de ma chaise mais depuis que Jean-Mi a dit qu’il était interdit de boire son café debout en salle des profs (mesure sanitaire forte, le variant a peur), j’étais déjà sur le cul, je ne pouvais pas tomber plus bas.

La bourgeoisie vole au secours de Jean-Michel en bermuda

Avant de commencer ce paragraphe, je tiens à préciser que je travaille dans l’Education Nationale. Plus précisément dans un collège. Depuis le jour 2 de cette rentrée scolaire de janvier, nous tournons en moyenne à 100 élèves malades/jour (donc 100 absents) sur un total de 677 élèves. Pour reprendre un célèbre "penseur du vide" je ne dirais PAS que le protocole de Jean-Michel est un échec, je dirais que ça n’a pas marché.

Effectivement, lorsqu’au 2 janvier au soir les grandes lignes du protocole étaient de "boire son café assis en salle des profs" et "d’ouvrir les fenêtres", je me suis dit "soit le virus est très con, soit Blanquer nous prend pour des neuneus".
A ce stade là il n’était pas question de purificateur d’air, de capteur de CO2, de jauge dans les classes, de masque ffp2...

Lorsque la polémique "Jean-Michel à Ibiza" a éclaté, je me suis immédiatement demandé comment ses défenseurs allaient faire pour le sortir de ce merdier. Et je n’ai pas été déçue, les bougres libéraux-bourgeois ne manquent pas de créativité :

- Création n°1 : on attaque Jean-Michel parce qu’il était en vacances à Ibiza pendant les fêtes. Non. On attaque Jean-Michel parce que son protocole sanitaire était bâclé, insuffisant, parce qu’il l’a annoncé au Parisien avant même de nous l’annoncer à nous, salariés de l’Education Nationale et parce qu’il l’a balancé un jour avant la rentrée.

- Création n°2 : Jean-Michel "l’homme qui s’est battu pour garder les écoles ouvertes en France". Alors ça c’est bien l’argument le plus hypocrite. Mais quel est l’intérêt de garder des écoles ouvertes quand on tourne à 15/20 % de cas positifs (salariés et élèves confondus) et qu’il n’est plus un secret pour personne que les établissements scolaires sont des clusters en puissance ? Parce que nous sommes la garderie du MEDEF.

- Création n°3 : "Jean-Michel est un bourreau de travail et il travaille même pendant son voyage de noces" ... c’est pour ça qu’ont été tenues secrètes ses vacances à Ibiza pendant deux semaines et qu’il attend le dernier moment pour rendre un protocole sanitaire bâclé en pleine pandémie ? Et je lis sur twitter : "Les profs travaillent-il pendant leurs vacances, eux ?" Beh non, crétin, les copies se corrigent toutes seules.

- Création n°4 : Mais la palme d’or de l’argument de défense le plus pété revient à Brice Couturier dont on salue le vide abyssal de son lobe frontal : la polémique autour de Blanquer n’est pas dû à son laxisme, son manque de travail, son mépris, son incompétence, son irrespect envers les salariés de l’Education nationale... non non ! C’est la faute aux indigénistes, aux Musulmans, aux antiracistes/anti-islamophobes. Quand Brice renverse son café, loupe son métro ou trébuche c’est forcément de la faute d’un Musulman ou d’un "islamogauchiste".

J’ai jeté un œil sur le profil des défenseurs de Blanquer. Pas un ne travaille dans l’Education nationale. Cocasse.

Cette semaine nous avons reçu 2 capteurs de CO2 pour tout le collège. Mais que va-t-on faire de tout ce butin sachant qu’il en faudrait un par salle de classe ?
Après tout cela, nous apprenons que la manifestation de l’Education nationale du 20 janvier vient d’être refusée par la préfecture de Paris. Et inlassablement je me répète : pourquoi demande-t-on encore à l’ennemi bourgeois l’autorisation de manifester contre lui ?

DON’T LOOK HERE : l’Extinction ou les grenouilles hilares... dans une marmite

On détourne le regard, on parle d’autre chose, on se divertit, on s’occupe en consommant dans l’espoir de combler la vacuité de notre existence. Non, pardon le pronom n’est pas correct : ils détournent notre attention, ils nous parlent d’autre chose, ils nous divertissent, ils nous occupent en nous vendant des objets inutiles dont l’obsolescence est programmée.

« MAKE THE PLANET GREAT AGAIN »

Ça, c’était Macron pendant la campagne présidentielle. Il avait le sens de la formule le bougre… et sûrement 5 ou 6 sous-fifres chargés de lui écrire ses discours. Alors pour bien coller à sa phrase, il fait régulièrement des envolées lyriques faussement outrées contre Bolsonaro « méchant méchant Bolsonaro qui déforeste l’Amazonie, c’est pô gentil » mais Manu il a de la ressource euh … des ressources plutôt ! Alors pendant qu’il te montre le président brésilien de la main gauche, il utilise sa main droite pour signer plusieurs nouveaux contrats d’exploration minière en Guyane. Il attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières.

Mais puisque le vivant est en train de crever autant lui mettre un dernier coup de bambou sur la nuque en votant le CETA. Ce « merveilleux » texte adopté le 23 juillet 2019 par l’Assemblée nationale est un traité de libre-échange entre le Canada et l’UE : « si le CETA atteint son objectif, à savoir augmenter les flux commerciaux entre le Canada et l’Union européenne, il débouchera nécessairement sur une augmentation des transports maritimes et des émissions de gaz à effet de serre afférentes. Par ailleurs, les entreprises canadiennes les plus offensives ne sont pas les plus vertes : lors de la première année d’application provisoire du CETA, le gouvernement canadien s’est félicité de l’explosion de ses exportations d’aluminium vers l’UE (+206%), mais aussi de celles de produits chimiques (+78%) et d’hydrocarbures (+46%) […] Contrairement à ce qu’ont affirmé le gouvernement et la majorité présidentielle pendant des semaines, rien n’interdit l’alimentation des bovins élevés au Canada avec des farines de sang de bovin ou des farines de viande de porc et de volailles. Pour rappel, l’interdiction européenne date… des dernières crises de la vache folle, qui ont eu un impact sanitaire et économique inégalé. De même, le Canada autorise l’utilisation des antibiotiques pour accélérer la croissance des bovins, ce qui reste rigoureusement interdit en Europe, en raison des nombreux risques d’antibiorésistance. » (Marianne, le 24/07/2019).

« La température de la Terre s’élèvera alors de 3°C en moyenne d’ici à 2100. » (Rapport du GIEC). C’est pile le moment qu’avait choisi Brune Poirson pour arriver tout sourire avec une interdiction du plastique à usage unique d’ici 2041. Pas trop vite Brune, pas trop vite, ralentis tu pourrais te faire un claquage. Pendant ce temps-là au Canada, l’interdiction était votée pour 2021. Brune quand tu arrêteras de te mettre en scène en train de ramasser 3 détritus sur une plage, alors que ce sont 6 milliards de tonnes de déchets plastiques s’accumulent dans la nature et flottent sur les océans, tu prendras deux minutes pour penser au ridicule de la situation.

Le Capital pourra toujours compter sur des gens comme Zemmour pour distiller des mensonges et détourner l’attention, c’est ainsi que le toutologue-polémiste-serviteur-de-Bolloré déclarait en juin 2021 : « Le problème du climat, c’est la démographie et l’explosion de la natalité en Afrique et en Asie. Il faut arrêter de parler des conséquences et pas de la cause. ».
FAUX :
- les 1 % de la population mondiale les plus riches sont responsables de l’émission de deux fois plus de dioxyde de carbone que la moitié la plus pauvre pour la période allant de 1990 à 2015
- Sur cette période de vingt-cinq ans, souligne le rapport, les 10 % les plus riches, – soit environ 630 millions de personnes – ont été à l’origine de 52 % des émissions de CO2.
- 15% d’émissions de Co2 pour les 1% les plus riches contre 8% d’émissions pour les 3,5 milliards les plus pauvres.

Et d’où vient le CO2 dans le monde ? Selon les données du GIEC, les principaux grands secteurs de l’économie mondiale contribuant aux émissions de CO2 :
- Production de chaleur et d’électricité (25%)
- Agriculture, foresterie et utilisation des sols (24%)
- Industrie (21%)
- Transports (14%)
- Autre production d’énergie (10%)
- Bâtiments (6%)

Voilà. Ils finissent d’achever le vivant, ils empoisonnent, mentent, désignent des boucs émissaires comme les Africains ou les écolo-bobo-vegans-terroristes… et s’enrichissent toujours plus.

LES CONSÉQUENCES SONT DEJA LÀ : ICI ET MAINTENANT

" Le réchauffement climatique se traduit par des vagues de chaleur estivales plus fortes et des nuits tropicales plus fréquentes (températures supérieures à 20 °C) aux latitudes moyennes, comme au Canada et en Europe. L’air plus chaud peut contenir plus d’eau. Cela peut entraîner une plus grande évaporation des terres et provoquer des sécheresses et des incendies de forêt. En outre, une atmosphère contenant plus d’eau peut produire davantage de précipitations et d’inondations. Il y a plusieurs décennies, les scientifiques prévoyaient que ces changements dans le cycle de l’eau se produiraient. Mais il est devenu évident aujourd’hui qu’ils se produisent déjà." (Rapport du GIEC).

Été 2021.
Incendies :
- Algérie : Des incendies en Kabylie font 90 morts.
- Incendies en Grèce : 56 000 hectares ravagés.
- Méduses tropicales dans la Manche, incendies au pôle Nord... les effets inattendus du réchauffement climatique.
- Turquie : les soldats du feu luttent contre les pires incendies de forêt que le pays ait connu. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont dû être évacuées, et huit personnes sont décédées au cours des 10 derniers jours. Au total, 217 feux ont été maîtrisés, mais les pompiers travaillaient encore samedi pour contrôler six incendies.
- La Sibérie subit toujours de violents incendies. Les habitants de certaines régions ont dû être évacués. 93 feux de forêts ont ravagé 1,1 million d’hectares de Sakha-Yakoutie, ce qui en fait la région la plus touchée de Russie.
- Etats-Unis : le "Dixie Fire" devient le troisième plus grand incendie de l’histoire de la Californie. Ce feu de forêt a réduit en cendres 170 000 hectares dans le nord de l’Etat depuis la mi-juillet.
- La province de l’ouest du Canada a décrété mardi 20 juillet l’état d’urgence en raison de l’avancée rapide des incendies sur le territoire. Les feux risquent de continuer de se propager et les incendies devraient alors prendre de l’ampleur dans les jours à venir. En cause la chaleur inédite dans l’Ouest du continent américain depuis juillet et des vents qui intensifient le phénomène.
Inondations :
- Pluie-inondation : l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie en vigilance orange
- De nouvelles inondations dans les rues de Londres après des pluies torrentielles
- Inondations en Corée du Nord, 5000 évacués
- Dix jours après des inondations qui ont coûté la vie à 36 personnes, la Belgique a subi, une nouvelle fois, de violentes inondations. Dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 juillet, les pluies diluviennes ont causé d’importants dégâts dans la province de Namur, dans le sud du pays.
- Inondations en Allemagne : le bilan monte à 180 morts, toujours 150 disparus. La région de Rhénanie-Palatinat, la plus touchée par les violentes intempéries, comptabilise 132 morts et 766 blessés. Dans la région voisine de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, 47 personnes ont péri.

LES GRENOUILLES DANS LA MARMITTE

Et après ce constat, dont les conséquences concernent bien notre présent immédiat, nous pouvons désormais établir un parallèle entre le film Don’t look up et la séquence où Salomé Saqué intervient dans l’émission de France 5 « c’est à vous ». Elle s’alarme, à juste titre, de l’urgence climatique et du désastre écologique qui est déjà là et est moquée par deux raclures professionnelles : Étienne Gernelle et Jean Quatremer. Non pas que ces messieurs soient climatosceptiques, mais cela ne les empêche pas de se gausser d’une journalistes plus jeune qui dit à juste titre que le pire est à venir et que c’est notre génération et les futures qui assisteront au désastre.

Dans l’article de Daniel Schneidermann sur le site Arrêt sur Images, le journaliste met en exergue la similarité entre cette scène vécue par Salomé Saqué et la séquence du film « Don’t look up » où une jeune scientifique tente d’alerter sur le danger d’une comète qui va percuter la terre et qui est, elle aussi, moquée par deux journalistes tout aussi puants que Gernelle et Quatremer.

Ce parallèle suscite quelques réactions sur les réseaux sociaux : « Ce n’est pas comparable, là c’est une comète qui arrive et va détruire la terre, c’est immédiat ». Car lorsque le GIEC parle d’un réchauffement planétaire de 2,7° d’ici 2100, la multitude des Gernelle et Quatremer hilares qui peuplent notre terre se dit qu’après tout 2100 c’est dans bien longtemps, et qu’au pire nos étés seront un peu plus chauds et nos hivers « plus agréables ». Sans bien sûr penser à la montée des océans, aux inondations, aux incendies, aux migrations climatiques, aux extinctions de milliers d’espèces animales et végétales, tous ces phénomènes déjà observables ici et maintenant. Ces personnes n’ont aucune idée de ce qu’est une satire, une allégorie et cela me fait inévitablement penser qu’elles ne connaissent pas ou ne comprennent pas « le syndrome de la grenouille cuite » :

Une grenouille nage dans une marmite remplie d’eau. Un feu est allumé sous la marmite de façon à faire monter progressivement la température. La grenouille nage sans s’apercevoir de rien. La température continue de grimper, l’eau est maintenant tiède. La grenouille s’agite moins mais ne s’affole pas pour autant. La température de l’eau continue de grimper. L’eau est cette fois vraiment chaude, la grenouille commence à trouver cela désagréable, elle s’affaiblie mais supporte la chaleur. La température continue de monter, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite. Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart de temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.

En 2022, les industriels et politiques continuent leur travail de destruction, Zemmour et consort continuent de mentir et de détourner l’attention en désignant des boucs émissaires, certains médias mainstream continuent leur travail de désinformation, tous les Gernelles et Quatremers du monde continuent de pouffer de rire dans une marmite qui boue, pendant que le vivant crève à une cadence folle - on rappelle que 2700 espèces animales sont en voie d’extinction, douze-mille-cinq-cent sont menacées, et qu’entre 13 et 15 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année - et inlassablement je me répète qu’Hollywood n’a plus besoin de faire de satire : elle est déjà là.

En vous souhaitant, avec un peu de retard, la meilleure année possible au Macronistan.

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