Confiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants - commentairesConfiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants2020-04-30T12:39:45Zhttps://www.ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/confiner-sans-menagement-la#comment742020-04-30T12:39:45Z<p>Permettez-moi de réagir librement et honnêtement : si la stupeur peut nous gagner à la lecture de ce texte, elle ne doit pas nous plus nous plonger dans un état d'engourdissement ou de léthargie, ni non plus nous priver de toute réaction, bien au contraire : comment en effet ne pas être en proie à la stupéfaction et à l'effroi lorsque se constatent, non pas seulement une absence d'analyse sur la stratégie de gouvernement à la peur et les conséquences en matière d'hypersurveillance des populations résultant de la gestion de la crise sanitaire, mais l'écriture de ces lignes ? : « Les réflexions de Lénine et quelques autres sur la dictature du prolétariat pourraient en la matière nous inspirer – sans constituer d'aucune façon un catéchisme ». Et plus loin encore : « Une chose est sûre : selon ce modèle romain, une fois le danger conjuré, Cincinnatus retourne à sa charrue et les institutions républicaines retrouvent leur pleine légitimité ».</p>
<p>Il appert que le recours ici par Brossat à Lénine ou à la dictature romaine, en des termes bienveillants, salutaires et nostalgiques, pour critiquer ce qu'il subsume sous la notion de dictature républicaine ou de police démocratique est une façon pour lui on ne peut plus emblématique ou pathologique de scier la branche sur laquelle il est assis et, au fond, de basculer dans la mièvre et consternante contradiction. Est-il utile de rappeler comment s'est installé, sous les latitudes léninistes, le pire régime autoritaire, oppressant et sanguinaire que l'humanité ait pu connaître durant tout le XXe siècle, au terme duquel il a fallu compter des millions de morts ? Et que dire de l'Empire romain qui fut un régime des plus guerriers, patriarcaux et esclavagistes qui soient ? Ce n'est pas que pareille rédaction nous barbe ou soit naze, c'est qu'il faut convenir qu'elle est aveugle à l'histoire et aux réalités. Comme le disent nos amis allemands par agacement ou amusement, lass ihn nach Hause kommen ! [qu'il rentre donc à la maison (hauser = maison)]. A bon entendeur et avec cordialité...</p>Confiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants2020-04-29T17:18:54Zhttps://www.ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/confiner-sans-menagement-la#comment732020-04-29T17:18:54Z<p>Beaux textes, qui résument bien ce que nous ressentons ici, dans nos montagnes pyrénéennes, et qu'on n'a trouvés que fin avril. Quelques news en vrac.</p>
<p>Lectures autour des mêmes : Benjamin, Heidegger, Nancy (Derrida, le toucher) et autres Michelstaedter, Hölderlin, et bien sur, Foucault … pour tenter de penser ce qui nous advient. Et d'autres (Damasio, Achille Mbembe, Marie Cosnay, Kafka le terrier etc).<br class="autobr" />
Sur le terrain, nous rejoignons ce sentiment que tu exprimes en fin de texte, une défaite probable … joyeusement ? (« Une guerre que nous sommes à peu près assurés de perdre – mais que nous conduirons avec d'autant plus de détermination, histoire de sauver jusqu'au bout les chances de la joie, de la pensée insoumise, de la vie sans maître(s). »)</p>
<p>Un effet de sidération devant les évènements, et plus encore devant la rapidité avec laquelle la plupart des « collectifs », groupes de luttes « alternatifs », se sont trouvés hors-jeu, comme volatilisés … double sidération, donc. Seul s'est maintenu le collectif migrants, et le « café solidaire » réunissant migrants et précaires … mais là aussi, silence radio de beaucoup d'entre nous, dénis en tous genres aussi, doublés, pour certains, de foi aux miraculeux sauveurs, aux complots ...</p>
<p>Ce qui pose deux questions : <br class="autobr" />
Le confinement d'en haut, décidé par l'appareil d'état, et rendu inévitable par l'état de délabrement du soin collectif (méthodiquement démoli par nos gouvernements successifs, les mêmes donc) … a été accepté, subi, en silence … et la plupart à la niche. N'étions-nous pas, dans le monde d'avant, déjà « confinés », dans l'acceptation et la résignation (peu de monde dans les luttes sociales, écologiques, soutien aux migrants, etc.). On avait l'illusion d'une force, mais certaines actions ne réunissaient qu'une infime minorité de personnes : hôpitaux, 60 personnes pour un bassin de 50000 habitants, soutien aux migrants et précaires, encore moins …</p>
<p>Autre question, nous avons maintenu une solidarité, un lieu qui accueille migrants et précaires, coexistence qui ne va pas de soi … certains respectent les gestes barrières, d'autres n'y croient pas, … et il faut être présents … affronter sa propre peur … imposer le respect de l'autre, etc. Qu'en est-il en nous de l'idéologie sécuritaire ? <br class="autobr" />
Merci en tout cas de ta lucidité, porte-toi bien.</p>
<p>Aude Bonnin et Michel Bélis</p>Confiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants2020-04-23T08:56:09Zhttps://www.ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/confiner-sans-menagement-la#comment702020-04-23T08:56:09Z<p>Cher Alain,</p>
<p>Votre texte est vraiment bon. Je suis d'accord à peu près avec tous les points, et la fin est bien virulente comme il faut - et comme on manque ces temps-ci. J'avais déjà noté dans les entretiens précédents que tu avais relevé l'opération directement autoritaire et antidémocratique par laquelle le confinement a été mis en place (le Président a dit. Jacques a dit). Il a suffi de très peu, tout de même, et on devra s'en souvenir, pour nous dire de rentrer chez nous. Et se dire qu'aucune sorte de résistance n'a été possible. On ne résiste pas dans un contexte de pandémie - par où, donc, peut passer la différence, la voix, la politique, le sujet, etc. Se souvenir à quel point on a dû courber et se courber.</p>
<p>C'est là, en effet, que confinement et quarantaine se distingue, tu as raison. Je me suis dit récemment que le confinement était une idéologie qui avait devancé très vite la décision politique qui l'avait installé - chacun faisant vite corps de cette décision, avec un consentement sur lequel il faudra quand même s'interroger, et dans lequel les questions politiques et la responsabilité des gouvernants ne peut pas être tenue pour seule responsable. Une situation politique éthique pour chacun dans laquelle obéir et faire du zèle est aussi signe de responsabilité, vertu collective. Par exemple : au début de la pandémie, j'ai calé la porte battante de mon hall d'immeuble. C'est une porte inutile, mais il fallait la pousser pour entrer, problème de la porte, etc. Donc je l'ai calé pour qu'elle reste ouverte ; les voisins m'ont félicitée.<br class="autobr" />
Geste parfait, mais terrible. Tout est comme ça.</p>
<p>Je suis absolument d'accord aussi sur le fait que la gestion de la pandémie arrive, pour nous, après les gilets jaunes, comme une nouvelle expression de l' hybridation dictatoriale de la démocratie. La faillite de l'Etat se manifestant toujours dans ses tours de force - et, en effet, dans le retour d'archaïsmes nouvelle version (le racisme, des proto-fascismes à foison…). Ce que tu rapportes de la Chine et de l'Inde (dont la situation me terrifie, sur laquelle je voudrais être mieux renseignée) est aussi très éclairant.</p>Confiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants2020-04-21T09:04:37Zhttps://www.ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/confiner-sans-menagement-la#comment692020-04-21T09:04:37Z<p>Cher Alain,<br class="autobr" />
je n'ai pas de réserve, j'ai quelques observations. Il est tout à fait évident qu'il faut une politique, de la politique pour essayer de trouver une sortie, des lignes de fuite. C'est le grand problème de notre époque. Vous le pointez très bien et vous laissez derrière vous les pleurnicheries d'Agamben (vous avez été trop gentil avec lui !!!!). Or, je crois que cette politique devrait être l'issue d'un long processus social, sinon c'est un "miracle" ou du jacobinisme, la prise de pouvoir par une poignée d'hommes fort intelligents. C'est vrai que vous parlez de destitution de pouvoir et non pas de constitution d'un nouveau pouvoir, mais qui va la faire, cette destitution ? Nous devons nous poser peut-être cette question. Les Trump, les Salvini parlent aux ouvriers et organisent des manifs pour rompre le lockdown (on a besoin d'argent, on n'est pas des fonctionnaires, l'Etat ne peut pas nous obliger à rester chez nous, on dirait du Agamben....). Nous, nous parlons à qui ? Nous avons besoin de composer une force "prolétarienne" (c'est pourquoi les initiatives d'entraide social sont intéressantes aujourd'hui, elles peuvent constituer les premiers noyaux de cette force). Gramsci parlait de "bloc social". C'est aussi Lénine : on ne fait pas de la politique sans savoir su quelles jambes elle va marcher. Lui, il parle aux soldats et aux paysans, nous devrions agencer ceux qui aujourd'hui sentent dans leur chair que les pouvoirs les envoient à l'abattoir.<br class="autobr" />
Bien à toi,<br class="autobr" />
Luca</p>Confiner sans ménagement la bêtise épaisse et gluante de nos gouvernants2020-04-21T08:27:18Zhttps://www.ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/confiner-sans-menagement-la#comment682020-04-21T08:27:18Z<p>Bien sûr le consentement demandé est bien pervers, et relève parfaitement de la bio politique mais il me semble que ce qui fait balancier à cette obéissance, c'est la conscience parallèle que c'est ce gouvernement qui nous a mis dans cette impasse. La différence réside dans ce que le consentement ne se résume pas ici à l'adhésion, au « oui, vous avez raison », mais relève plutôt du mépris et de « pauvres cons, nous sommes obligés de pallier à votre incapacité ». 76% des français (sondage France Info, Le Figaro) pensent que le gouvernement a menti sur les masques, c'est bien sûr une évidence mais cela engage la discussion et stimule la critique et la colère ! Il y a donc certainement une attente de la revanche. <br class="autobr" />
L'autre aspect est le dégout dans une bonne partie de la population pour cette société policière, répression des sorties avec amendes, voire prison, et maintenant le dévoilement du traçage, l'utilisation répressive des données, la géolocalisation, la reconnaissance faciale... <br class="autobr" />
Il n'y a pas que dans les banlieues, en Seine Saint Denis, que se développe la Révolte ou/et une prise de conscience plus "politique". <br class="autobr" />
Lorsque l'on dit que ce passage à un régime d'exception se fait dans le dos du peuple ce n'est pas parce qu'il ne le voit pas mais parce que finalement, un profond dégout de ces gouvernements (cf abstention….) lui fait justement « tourner le dos à ces guignols ».</p>