Appel à la désobéissance civile - Organisé par Article 35 Insurrection


Manifeste lu par Jacques Wajnsztejn lors de l’Atelier de philosophie plébéienne – Fertans, Samedi 16 février 2019

Désobéissance civile…
Mais que veulent dire ces mots ? Comment refuser de payer l’impôt quand celui-ci est prélevé à la source ? Comment refuser d’obtempérer face à un LBD ? Un combat perdu d’avance, la désobéissance civile ?
Certainement pas.
Car derrière ces mots s’en cache un autre, aussi nécessaire à l’humain que l’est le mot Démocratie ; celui de Résistance.
Résistance à ce nouveau fascisme qui conjugue pensée unique et pouvoir centralisé, c’est à dire ce totalitarisme du 21° siècle, qui fait qu’aujourd’hui nous sommes dans la rue.

Résistance à ce totalitarisme qui seul permet à une élite auto-désignée de se reproduire par cooptation via des filières réservées. Pseudo-élites qui verrouillent notre société en castes et sous castes ; catégories où se rejoignent pour le plus grand bonheur des dividendes versés, aides-soignantes sur- exploitées et migrants sous-payés.
Résistance à ce totalitarisme propagé par les grands algorithmes supra-nationaux qui diluent l’individu dans la bouillie uniforme que nous servent ces GAFA dont le but avoué est de gommer nos cohésions et nos différences pour mieux nous transformer en consommateurs obéissants.
Résistance à ce totalitarisme qui nous dépossède de notre culture et de notre histoire ; de nos régions devenues Hauts-de-France ou Bas-de-Seine… on ne sait plus ; de nos écosystèmes transformés en bassins agricoles ; de nos banlieues qui s’éloignent de plus en plus des centre-ville jusqu’à se confondre avec cette « France d’en bas », c’est-à-dire nous, dans un grand réservoir de main d’œuvre, tenue et contenue par des salaires assurant tout juste de quoi survivre.
Résistance enfin, à ce totalitarisme qui nous dépossède de notre patrie ; ce pays, la France, qui pourtant est à nous ; et qui nous vole jusqu’à cette idée, si belle, d’une Europe appartenant aux peuples qu’elle unit par un passé et pour un avenir commun et non aux banques et aux fonctionnaires de Bruxelles.

La tache paraît immense, la cause perdue d’avance.
Que faire ? Que pouvons-nous faire ? Certainement, et pour commencer, mieux connaître notre ennemi.
Ce totalitarisme est facile à identifier car il est mondial, et c’est son premier critère ; le second étant qu’il repose sur une quadruple dictature, à la fois technique, administrative, sociétale et médiatique pour mieux nous enfermer dans sa pensée unique.

Dictature technique, parce que la multiplication des règlements et critères, sous des prétextes divers, n’a d’autres buts que de faire rentrer les citoyens dans la norme tout en finançant les instruments de la puissance d’état.

Dictature administrative, parce que le service publique est diminué et appauvri jusqu’au point ou seules les fonctions de contrôle et de normalisation des populations sont maintenues à leur maximum d’efficacité ; et seulement celles- ci.

Dictature sociétale, car il est là, ce levier qui permet de fracturer la société, de la diviser en groupes et sous-groupes aux intérêts divergents, en faisant des uns, les victimes des autres. Jusqu’aux parents que la fessée désigne comme bourreaux de leurs propres enfants. Et pourquoi ne pas nous retirer nos propres enfants, puisque l’enfance elle-même est devenue une marchandise ?

Dictature médiatique enfin, ce quatrième pouvoir qui alimente le conditionnement sociétal. Si vous entendez ces mots : partage, justice, enfance, solidarité, écologie, responsabilité… relevez la tête, regardez votre écran, c’est une pub ou un député LaREM.
Et ce soir, vendredi 24 janvier, nous allons assister à la quadrature du cercle, Marlène Schiappa chez Hanouna. L’incroyable spectacle de la communion intime entre pouvoir en place et médias qui ramènera le combat pour la justice sociale à une simple variable de l’audimat.

La désobéissance civile est une réponse certes désarmée et non-violente puisqu’elle se veut civile ; mais virale et irrésistible.
Face à ce totalitarisme qui s’introduit par toutes les pores de notre société, un vent nouveau s’est levé et ce vent porte une très ancienne forme de résistance qui s’appelle le refus.
Le refus d’entrer dans la norme, car la norme c’est l’uniformité ; le refus
d’obtempérer, car ce pouvoir a perdu toute légitimité ; le refus de déclarer, car nos colères n’en sont plus à s’annoncer ; le refus de débattre, car l’heure des paroles est depuis longtemps passée ; le refus de consommer sans conscience, car il nous reste une planète à sauver ; le refus de payer, car ce serait financer nos propres chaînes ; le refus de prendre son poste de travail, car le travail de l’homme doit être le symbole de sa dignité et non de son abrutissement ; le refus de l’injustice sociale, car sans cette justice, nul espoir n’est permis.
Tous ces refus qui se résument en un seul, celui de se soumettre, que ce soit individuellement dans nos décisions quotidiennes ou collectivement dans l’expression de nos volontés communes.

Aujourd’hui le vent de la résistance continue à souffler ; il souffle même de plus en plus fort.
Aujourd’hui nous sommes ici, devant ce palais de justice qui appartient au peuple, c’est à dire nous.
Demain, samedi 26 janvier, nous serons aux Minguettes avec les Gilets Jaunes de Banlieues, aux rond-point Herriot-Cagne de Vénissieux. Après-demain, nous serons là ou il s’agit de lutter…
Il est puissant ce vent qui nous mène et c’est grâce à lui que nous allons gagner.

Ugo Pao 23/01/2019