Désir Hocquenghem

, par Revue Chimère


« Nous disons simplement : pourquoi ne supportez-vous pas de retrouver chez un homme les attitudes, les désirs et les comportements que vous exigez d’une femme ? Ne serait-ce pas que le désir de dominer les femmes et la condamnation de l’homosexualité ne font qu’un ? Nous sommes tous mutilés dans un domaine que nous savons essentiel à nos vies, celui qu’on appelle le désir sexuel ou l’amour. Certes, le Pakistan ou les usines, c’est plus important. Mais à poser les priorités, on diffère toujours d’aborder les problèmes sur lesquels on peut agir immédiatement. Alors, on peut commencer par essayer de dévoiler ces désirs que tout nous oblige à cacher, car personne ne peut le faire à notre place. » (La Dérive homosexuelle, 1972).

« A un moment où à un autre, une force politique française, quelle que soit sa couleur, demande la fermeté contre les infiltrations. (…) Cette plaie-là que la France porte depuis longtemps à son flanc, elle ne la sent plus. (…) La France n’a jamais consciemment intégré aucune minorité étrangère : elle s’est faite sur leur reconduction aux frontières (naturelles). L’expulsionisme français n’est donc pas marginal, ne se limite pas à une réaction provisoire. Les peuples qu’il vise changent, pas le principe. Nous expulsons constitutionnellement, si j’ose dire, et aussi discrètement qu’on chie. (La beauté du métis, 1977).

« C’est à toi, jeune homme, que ce discours s’adresse, toi qui m’a dit un jour, lors d’une promenade, comme je tentais de te résumer le projet de ce livre : “Moi, Mao, Mai 68, connais pas. J’étais à peine né. Pourquoi y attaches-tu tant d’importance ? Oublie-les. En remâchant ces rancœurs, tu en fais partie, de cette génération grise. Et au nom de quel principe, de quelles idées, toi qui critiques les autres, nous parles-tu ? Retour à la Révolution, voilà ton rétro à toi…” » (Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col mao au rotary club, 1986)

« Tu sais on a fait les poubelles à cinq heures du mat’, il a trouvé une pièce de un franc, ça porte bonheur ; on était encore ronds comme des billes, et on s’est mis à pisser en pleine rue. Il a une bite, mais une bite, c’est pas une queue, c’est une trompe… » (Race d’ep, 1979).

« Beau ? Comment pourrais-je dire s’il est beau ? Ce serait le trahir. Quand on devient comme lui, on oublie les fleurs, les nuages, les visages. Quand on est comme lui, tout doit disparaître, en quelques jours ou en quelques mois. » (L’amour en relief, 1982).